Élève du ferronnier Emile Robert de 1916 à 1919, collaborateur des architectes Robert Mallet-Stevens, Le Corbusier, Albert Laprade et Tony Garnier, ce technicien avisé s’est toujours adapté aux problèmes de son époque en tenant compte du travail collectif. C’est ainsi qu’il ouvre, en 1923, son premier atelier (rue du Général Custine à Nancy) avant de s’installer, sept ans plus tard, rue des Jardiniers.
En 1945, il construit son usine à Maxéville. Il y restera jusqu’en 1954, date à laquelle il perd le contrôle de son affaire. Il poursuivra son activité en tant qu’ingénieur-conseil pour la réalisation de grands projets d’architecture contemporaine.
Si Jean Prouvé a commencé par la réalisation de grilles d’entrée, rampes d’escaliers, garde-corps et verrières, il conçoit à partir de 1924 ses premiers meubles.
Ayant découvert la soudure électrique et appliquant les diverses techniques de façonnage, il recourt à la tôle d’acier (particulièrement utilisée pour l’industrie automobile), d’une extrême finesse – moins de 1 mm d’épaisseur – ce matériau lui permet d’obtenir un « corps creux » ajoutant sa résistance à celle du châssis: la chaise à siège articulé de 1929 en constitue un exemple type.
L’emploi de ce métal se retrouve dans la plupart des meubles qui jalonnent son parcours ; Jean Prouvé emploiera fréquemment aussi l’aluminium (tant dans le domaine de l’habitat que dans celui de l’aménagement intérieur) qu’il utilisera sous forme de tôle pliée ou de pièces moulées – comme la transposition du piétement arrière de la chaise de bureau de 1934.
Exposant en 1930 à l’Union des Artistes Modernes, dont il est membre depuis sa fondation en 1929, Jean Prouvé affirme d’emblée la particularité de sa démarche : fabriquer, à l’aide d’éléments inoxydables, des meubles en série sur des machines industrielles. Il répondra à de nombreuses commandes dont celles de l’Université de Nancy en 1932, plus tard de l’usine Férembal en 1946 et du CREPS d’Aix-en-Provence en 1952.
Outre le mobilier scolaire, Jean Prouvé aménage des bureaux et conçoit des sièges, tables, étagères, bibliothèques et bahuts, qui découlent tous d’un même principe de fabrication : à partir d’une esquisse, un prototype est réalisé afin d’en apprécier les détails par une étude très stricte. Cette discipline lui permettra de s’associer à des architectes de grande renommée, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret ; il lui en restera un goût prononcé pour le bois – naturel ou contreplaqué – qui, en période de pénurie, remplacera les structures métalliques (voir les chaises en bois de 1942). Son mobilier sera largement diffusé par la Galerie Steph Simon à partir de 1956.
Jean Prouvé a largement contribué à la reconstruction et à l’urbanisme de l’après-guerre ; véritable entrepreneur, il a su rompre avec les traditions de construire en privilégiant l’expérience à la rentabilité.