Créateur visionnaire, JEAN PROUVÉ est arrivé à l’architecture par des voies détournées, celle de la production d’éléments de construction techniquement innovants qui lui ont permis de passer à la conception globale de bâtiments et à la mise au point de procédés constructifs. Les valeurs acquises avant et pendant la guerre seront déclinées dans le cadre de la reconstruction de l’après-guerre pour des logements durables produits en série pour le plus grand nombre.
En 1939, la préparation de l’effort de guerre représente pour Jean Prouvé les conditions d’une mobilisation de son entreprise. Le général Dumontier, chef de la 5ème armée, lui commande la réalisation de 300 petits pavillons, destinés à abriter de 4 à 12 hommes, et dont le montage se fait en un temps record.
Adaptant le système de structure porteuse extérieure mis au point l’été précédent pour un programme de loisirs, les Ateliers Jean Prouvé produisent en quelques mois plusieurs centaines de cellules juxtaposables de 4 m x 4 m, dont l’ossature extérieure en tôle pliée, fermée par de simples panneaux en bois, peut être rapidement montée et démontée par deux hommes.
Ces « Baraques de campagne » accompagnent les déplacements de la 5e armée durant les premiers mois de la guerre.
En prévision d’autres débouchés, quelques exemplaires supplémentaires de maisons 4 m x 4 m, sont exécutés par les Ateliers Jean Prouvé, dont l’un sera vendu à l’usine Ferembal de Nancy pour servir de guérite d’entrée. Ce poste contrôle l’accès à l’usine avec une barrière relevable en tôle pliée, également fabriquée par les Ateliers Jean Prouvé.
Pour plusieurs raisons – pénurie de matériaux, difficultés de circulation, opposition des administrateurs – cette première expérience de production en série ne pourra se poursuivre comme l’avait espéré Jean Prouvé.
Le site industriel de Ferembal désaffecté sera détruit au début des années 1980. Les deux bâtiments Prouvé, la guérite d’entrée et le bureau de direction, échapperont toutefois à la destruction.
Des quelques 300 unités de 4×4 fabriquées en 1939, seule celle ayant ensuite servi d’abri pour le contrôle de l’entrée de l’usine Ferembal subsiste aujourd’hui et est présentée pour la première fois à DesignMiami/.