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JEAN ROYÈRE


Jean Royère se tourne vers le métier de décorateur à l’âge de 29 ans. Il s’initie dans les ateliers d’ébénisterie du Faubourg Saint-Antoine à Paris. Son style original alliant couleurs vives, formes organiques, matériaux précieux et son répertoire empreint de poésie lui vaudront un succès immédiat et international.

  • 1/ Table basse ronde, ca. 1949
    H. 40 x ø 80 cm
    H. 15 3//4 x ø 31 1/2 in.
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  • 2/ Lustre Jacques 6 bras, ca. 1950
    H. 90 x ø 95 cm
    H. 35 3/8 x ø 37 3/8 in.
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  • 3/ Lustre Bouquet 3 bras, ca. 1958
    H. 89.9 x ø 66 cm
    H. 35 3/8 x ø 26 in.
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  • 4/ Applique Bouquet 5 bras, ca. 1954
    H. 44 x L. 80 x P. 44 cm
    H. 17 3/8 x L. 31 1/2 x D. 17 3/8 in.
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  • 5/ Applique Bouquet 5 bras, ca. 1954
    H. 30 x L. 88 x P. 47 cm
    H. 11 3/4 x L. 34 5/8 x D. 18 1/2 in.
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  • 6/ Applique Persane 8 bras, ca. 1954
    H. 93 xL. 62 x P. 34 cm
    H. 36 5/8 x L. 24 3/8 x D. 13 3/8 in.
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  • 7/ Tables gigognes Dents Grecques, ca. 1955
    H. 40 x L. 42 x P. 30 cm / H. 15 3/4 x L. 16 1/2 x D. 11 3/4 in.
    H. 36 x L. 42 x P. 30 cm / H. 14 1/8 x L. 16 1/2 x D. 11 3/4 in.
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  • 8/ Table basse Ruban, ca. 1950
    H. 36.5 x ø 90 cm
    H. 14 3/8 x ø 35 3/8 in.
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  • 9/ Table basse Trapèze, ca. 1941
    H. 35 x L. 120.5 x P. 40 cm
    H. 13 3/4 x L. 47 1/2 x D. 15 3/4 in.
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  • 10/ Table basse ronde, 1936
    H. 23 x ø 60 cm
    H. 9 x ø 23 5/8 in.
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  • 11/ Paravent, ca. 1955
    H. 180 x L. 178.5 x P. 3 cm
    H. 70 7/8 x L. 70 1/4 x D. 1 1/8 inches
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  • 12/ Canapé modèle Orange, ca. 1957
    H. 70 x L. 221 x P. 94 cm
    H. 27 1/2 x L. 87 x D. 37 inches
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  • 13/ Sofa Croisillon, ca. 1950
    H. 84.5 x L. 200 x P. 100 cm
    H. 33 1/4 x L. 78 3/4 x D. 39 3/8 in.
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  • 14/ Bahut Croisillon, ca. 1950
    H. 95.5 x L. 281 x P. 60 cm
    H. 37 5/8 x L. 110 5/8 x D. 23 5/8 in.
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  • 15/ Table de salle à manger, 1949
    H. 75 x L. 230 x P. 114.5 cm
    H. 29 1/2 x 90 1/2 x 45 1/8 in.
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  • 16/ Bahut Croisillon, ca. 1947
    H. 100 x L. 290.5 x P. 57 cm
    H. 39 3/8 x L. 114 3/8 x D. 22 1/2 in.
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  • 17/ Table de salle à manger Ruban, ca. 1942
    sans rallonge : H. 74 x ø 125 cm / Avec rallonge : H. 74 x L. 185 x P. 125 cm
    H. 29 1/8 x ø 49 1/8 in. / With leaf H. 29 1/8 x L. 72 7/8 x D. 49 1/8 in.
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  • 18/ Table de salle à manger Trapèze, ca. 1937
    H. 73 x L. 145 x P. 87.5 cm
    H. 28 3/4 x L. 57 1/8 x D. 34 1/2 in.
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  • 19/ Guéridon, ca. 1950
    H. 74 x ø 100 cm
    H. 29 1/8 x ø 39 3/8 in.
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  • 20/ Table de salle à manger, ca. 1954
    H. 74.5 x L. 200 x P. 100 cm
    H. 29 3/8 x L. 78 3/4 x D. 39 3/8 in.
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  • 21/ Coiffeuse, ca. 1952
    H. 45.5 x L. 186 x P. 40 cm
    H. 17 7/8 x L. 73 1/4 x D. 15 3/4 in.
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  • 22/ Bureau Trapèze, 1956
    H. 76 x L. 140.5 x P. 70 cm
    H. 30 x L. 55 3/8 x D. 27 1/2 in.
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  • 23/ Bahut, ca. 1953
    H. 140 x L. 250 x P. 48 cm
    H. 55 1/8 x L. 98 3/8 x D. 18 7/8 in.
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  • 24/ Armoire, ca. 1934
    H. 170 x L. 180 x P. 50 cm
    H. 67 x L. 70 7/8 x D. 19 5/8 inches
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  • 25/ Armoire, CA. 1930
    H. 160 x L. 140 x P. 42 cm
    H. 63 x L. 55. 1/8 x D. 16 1/2 in.
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  • 26/ Fauteuil Bridge Trèfle, ca. 1955
    H. 84 x L. 54 x P. 56 cm
    H. 33 1/8 x 21 1/4 x 22 in.
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  • 27/ Paire de fauteuils bridge, ca. 1950
    H. 100 x L. 63 x P. 53 cm
    H. 39 3/8 x L. 24 3/4 x D. 20 7/8 in.
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  • 28/ Fauteuils Bridge, ca. 1960
    H. 85 x L. 69 x P. 55 cm
    H. 33 1/2 x L. 27 1/8 x D. 21 5/8 in.
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  • 29/ Paire de fauteuils Baquet, ca. 1936
    H. 78 x L. 53 x P. 54 cm
    H. 30 3/4 x L. 20 7/8 x D. 21 1/4 in.
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  • 30/ Ensemble canapé et 3 fauteuils, ca. 1950
    canapé : H. 74 x L. 188 x P. 100 cm / H. 29 1/8 x L. 74 x D. 39 3/8 in.
    fauteuils : H. 75 x L. 68 x P. 96.5 cm / H. 29 1/2 x L. 26 3/4 x D. 38 in.
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  • 31/ Banquette, ca. 1955
    H. 70 x L. 205.6 x P. 93 cm
    H. 27 1/2 x L. 81 x D. 36 5/8 in.
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  • 32/ Canapé Sangles, ca. 1948
    H. 66 x L. 200 x P. 90 cm
    H. 26 x L. 78 3/4 x D. 35 1/2 in.
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  • 33/ Tabouret , ca. 1959
    H. 44 x L. 56 x P. 36.5 cm
    H. 17 3/8 x L. 22 x D. 14 3/8 in.
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  • 34/ Fauteuil Bridge, ca. 1945
    H. 74.5 x L. 54.5 x P. 48 cm
    H. 29 3/8 x L. 21 1/2 x D. 19 in.
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  • 35/ Table de salle à manger, ca. 1950
    sans rallonges : H. 72.5 x L. 182 x P. 92 cm / H. 28 1/2 x L. 71 5/8 x D. 36 1/8 in.
    avec rallonges: H. 72.5 x L. 282 x P. 92 cm / H. 28 1/2 x L. 111 x D. 36 1/8 in.
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  • 36/ Chaise Ailettes, ca. 1960
    H. 100 x L. 48 x P. 62 cm
    H. 39 3/8 x L. 19 x D. 24 3/8 in.
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  • 37/ Paire de fauteuils bridge, ca. 1960
    H. 100 x L. 60 x P. 63.5 cm
    H. 39 3/8 x L. 23 5/8 x D. 25 in.
    Plus d'infos
  • 38/ Chaise, ca. 1960 – 10 ex
    H. 100 x L. 48 x P. 55 cm
    H. 39 3/8 x L. 19 x D. 21 5/8 in.
    Plus d'infos
  • 39/ Ensemble de 4 chaises Écusson, ca. 1937
    H. 78 x L. 42 x P. 41 cm
    H. 30 3/4 x L. 16 1/2 x P. 16 1/8 in.
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  • 40/ Paire de tables de chevet Grand Croisillon, ca. 1950
    H. 56 x L. 50 x P. 30 cm
    H. 22 x L. 19 5/8 x D. 11 3/4 in.
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  • 41/ Paire de tables basses, ca. 1955
    H. 44.5 x L. 88 x P. 44 cm
    H. 17 1/2 x L. 34 7/8 x D. 17 1/2 in.
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JEAN ROYERE

1902-1931
Jean Royère naît le 3 juillet 1902 à Paris. Son père, Léonce Royère, d’origine bretonne, est haut fonctionnaire à la préfecture de Paris. Sa mère, Marguerite Niers, née à Vienne en Autriche, est issue d’une famille lorraine émigrée après la guerre de 1870. Il reçoit une éducation stricte et protégée. Après des études classiques à Condorcet, Fénelon et Sainte-Marie-de-Monceau, il commence une formation de droit, puis suit des cours à l’université de Cambridge, avant de revenir en France en 1925 pour faire son service militaire.
De 1926 à 1931, il travaille au Havre chez son oncle, Jacques Raverat, qui dirige d’importantes affaires d’import-export.

1931
Encouragé par Louis Metman, conservateur général du musée des Arts décoratifs, et aidé par Jacques Raverat, Royère décide de suivre sa véritable vocation qui est d’être décorateur.
Pour apprendre ce métier, il se fait engager dans une fabrique de meubles boulevard Diderot, où il travaillera jusqu’en 1933.
Son oncle est son premier client, avec un mobilier de chambre et de boudoir en bois précieux, dans lequel on trouve quelques références à Ruhlmann, et un mobilier de jardin aux lignes très étirées.
Il réalise également des bureaux pour le port autonome du Havre.

1932
Avec le cabinet médical et l’appartement du docteur Philippe Decourt, Royère démontre dès ses débuts qu’il est un décorateur accompli. Le mobilier qu’il crée en tubes et lattes de métal chromé, dépourvu de tout élément décoratif, traduit son intérêt pour les créations du Mouvement moderne, avec un goût du détournement déjà perceptible. Il en reprendra certains modèles qui seront fabriqués en série pour la cité ouvrière d’Aplemont, à Frileuse, près du Havre.

1933
Le chantier de la brasserie du Carlton, avenue des Champs-Élysées, à Paris, fait sortir Royère de l’anonymat.
Chargé d’aménager la terrasse, les salons du rez-de-chaussée et le sous-sol, il conçoit un décor sobre aux tons pastel avec un mobilier en tube de métal, Bakélite et rotin, qui remporte un succès immédiat et lui vaut un article dans la revue Art et Industrie, dirigée par Waldemar George.

1934
Pierre Gouffé, fabricant du Faubourg Saint-Antoine spécialisé dans le mobilier de style, le remarque et lui confie la responsabilité d’une section de mobilier contemporain. Soutenu par cette importante maison, il participe pour la première fois au Salon d’automne où il obtient la médaille de bronze avec les sièges du docteur Decourt.
La même année, il s’installe dans un atelier d’artiste, rue de Passy, à Paris, qu’il décore d’un mobilier en tubes et lattes de métal.
Fidèle aux conceptions modernistes, il intègre dans l’architecture de la pièce un meuble aux fonctions multiples. Sur le même principe, il aménage un appartement pour les Gautier dans lequel il sépare le séjour en deux parties par un meuble bibliothèque bas.

1935
Royère expose au Salon d’automne un living-room aux murs lambrissés de zebrano ciré, composé d’un coin-salon et d’une salle à manger comprenant un bahut et une table en chêne brossé
avec un plateau d’opaline blanche et des rideaux à fleurs qui apportent une note lumineuse dans ce décor aux tons bruns. Ce living-room fait la couverture de la revue Le Décor d’aujourd’hui.
Il présente également un cabinet de travail et une véranda au 25e Salon des artistes décorateurs.

1936
Au Salon des arts ménagers, où il expose une chambre en bois laqué blanc et une salle à manger en chêne massif, Royère participe à un concours sur le thème de la maison de weekend,

organisé par la 3e Exposition de l’habitation dont André Bloc est commissaire général. Collaborant au projet des architectes Grandjean et Guénec, qui remporte le premier prix, il réalise un mobilier destiné à être fabriqué en série, en cornières de métal laqué, tôle et tissu. Au Salon d’automne, dont il devient sociétaire, il présente une chambre de jeune fille en frêne verni. Le lit et la table, bâtis à partir d’une même structure, démontrent sa capacité à concevoir des formes simples et économiques.
Il remporte également le concours organisé par la Fondation Foch pour l’aménagement des 120 chambres de l’école d’infirmières du centre médico-chirurgical de Suresnes.
À la même époque, il crée un mobilier de série pour la cité ouvrière d’Aplemont, à Frileuse, construite par l’architecte Jean Walter pour la Société havraise de logements économiques.
Sélectionné pour participer à la Triennale de Milan, l’une des plus importantes manifestations européennes, Royère y découvre des créateurs italiens et scandinaves, comme Gio Ponti et Alvar Aalto, qui influenceront sa conception de la décoration.

1937
L’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne, organisée à Paris, consacre Jean Royère comme l’un des décorateurs les plus originaux et les plus créatifs du moment. Dix-sept ensembles lui sont commandés, notamment pour le pavillon des Artistes décorateurs, le pavillon de l’Aluminium, le pavillon de la Céramique, l’auberge du Centre rural, le pavillon de l’Architecture privée, le pavillon du Nouveau-Né et le pavillon des Ensembles mobiliers. Le « Coin de repos pour l’été » et le « Coin de repos pour l’hiver » au pavillon des Artistes décorateurs annoncent le revirement stylistique que l’on constatera au Salon des artistes décorateurs de 1939.
Au Salon d’automne, il présente une version luxueuse des chambres d’infirmières de la Fondation Foch et crée pour le Salon des arts ménagers une salle à manger en merisier dont le buffet et les chaises sont décorés d’un motif de croisillon.
À l’exposition « Le Coin de monsieur et madame », organisée par la revue Art et Industrie, il propose le modèle de bibliothèque conçu pour la Fondation Foch l’année précédente. Il devient sociétaire du Salon des artistes décorateurs.

1938
Pour l’appartement de son ami Henri Lazard, à Passy, Royère crée un mobilier avec un fauteuil en tube métallique au calibre surdimensionné, qui rappelle le canapé du docteur Decourt de 1932. Dans une maison sur les bords du lac d’Enghien, le même tube en bois laqué forme la structure du mobilier et souligne les éléments architecturaux, fenêtres et portes. Dans un appartement qu’il aménage pour des Savoyards qui s’installent à Paris, rue du Général-Foy, ce tube délimite un coin-alcôve et le contour d’un canapé-lit.
Au Salon des artistes décorateurs, il présente une commode d’une sobriété très moderne, dont la façade, sans poignée ni ornement, tire son effet décoratif du dessin des tiroirs en laque blanche encadrés de chêne blond.
Chargé de l’organisation de la section « Art décoratif » au Salon d’art et d’art décoratif français au Caire, Jean Royère obtient sa première commande au Moyen-Orient avec l’appartement du président de la Bourse du Caire.
Il conçoit les décors des IIIe et IVe actes de Septembre, pièce de théâtre écrite par Constance Coline et jouée au théâtre du Vieux- Colombier, à Paris.

1939
Le 29e Salon des artistes décorateurs, exceptionnellement organisé avec le Salon de la lumière, donne l’occasion à Royère d’exposer un boudoir qui fait figure de manifeste et marque un retour à l’ornement, avec des meubles inédits qui deviendront des classiques de son répertoire : lampadaire « Champignon », siège « Trèfle » et fauteuil « Éléphanteau ». C’est là qu’apparaissent certains motifs de son répertoire, et surtout les premières formes biomorphiques. La critique, qui ne reconnaît ni la volonté de Royère de définir un vocabulaire décoratif ni la modernité de certains meubles qualifie cet ensemble de « baroque forain ». Il présente également le fauteuil « Éléphanteau » avec un lampadaire « Anneaux » au palais Galliera dans le cadre de l’exposition « De l’idée à la forme » organisée par l’association Porza.
Il concourt pour la seconde fois, toujours sous l’égide d’André Bloc, à la 6e Exposition de l’habitation au Salon des arts ménagers, sur le thème de la chambre d’hôtel. Le jury lui décerne le troisième prix pour un mobilier en tôle perforée de croix et profil de métal laqué rouge et blanc, destiné à être fabriqué en série.

1940
Mobilisé comme maréchal des logis dans l’artillerie au fort de Charenton, puis à Fontainebleau, Royère reprend son travail chez Pierre Gouffé après la débâcle. Sous couvert de ses activités de décorateur, il participe activement à la Résistance jusqu’à la fin de la guerre.

Il répond à quelques commandes, comme celle du magasin de haute couture Henry à la Pensée, rue du Faubourg-Saint-Honoré, et maintient ses participations aux expositions publiques.

Au Salon d’automne, il expose une salle à manger rustique qu’il présente avec une armoire de chêne dont les portes ajourées servent de cadres à quatre vitraux de Max Ingrand. Ces meubles d’inspiration rustique illustrent non seulement le goût de Royère, mais aussi un certain retour à la tradition, caractéristique de l’époque.

1941
À l’exposition organisée conjointement par le Salon des Tuileries et la Société nationale des indépendants, Royère présente un bahut en chêne sablé, également d’inspiration rustique, dont les panneaux de bois enchâssés en diagonale dessinent des chevrons soulignés de galons de cuir rouge cloutés.

1942
Au 30e Salon des artistes décorateurs, le salon pour un chalet de montagne est chaleureusement accueilli par le public.
Pour cet ensemble, Royère imagine un escalier en lattes de sapin perforées de motifs de cartes à jouer, qui apparaissent pour la première fois dans son répertoire ornemental. Un fauteuil recouvert de peau de chèvre devant la cheminée annonce le futur canapé « Banane ». D’un esprit frondeur et courageux en cette période d’Occupation, Royère décore la cheminée de ce salon d’une guirlande tricolore. À l’Exposition nationale des beaux-arts, il propose une armoire en placage de zebrano ciré d’une exécution très soignée, construite par les ébénistes Sanyas et Popot.
Jean Royère quitte la maison Gouffé pour ouvrir son agence rue d’Argenson, à Paris.

1943
Au Salon d’automne, Royère présente un bahut orné d’étoiles dessinées par des filets de paille rouge et verte, son premier meuble marqueté de paille.

1945
S’adaptant à la tendance générale caractérisée par un retour aux styles du passé, Royère propose au Salon d’automne un meuble d’appui néoclassique en palissandre, à deux portes et deux tiroirs. Au Salon des artistes décorateurs, il expose un mobilier de chambre en chêne d’inspiration rustique, dans l’esprit du bahut présenté au Salon des Tuileries de 1941.

1946
Décidant d’orienter ses activités vers les pays étrangers, il ouvre la galerie Jean Royère et Aladin au Caire, 8, rue Kasrel-Nil, contiguë à la librairie Livres en France de son amie et poète Nelly Vaucher-Zanari. Gabriel Chamma devient son représentant permanent.
La revue Plaisir de France lui confie l’aménagement de ses bureaux.
Au 32e Salon des artistes décorateurs, il imagine pour une salle à manger d’auberge un décor rustique d’inspiration provençale qu’il meuble de tables et de chaises « Ondulation ». Il participe à l’exposition « L’Art de la table » organisée par la revue Art et Industrie avec une table dont le plateau en comblanchien repose sur des pieds composés de trois tubes ondulés renfermant une boule en suspension. Il entre à la Société nationale des beaux-arts.

1947
Royère redécore l’appartement de sa mère, 234, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris, pour s’y installer. À cette occasion, il met au point ses premiers meubles biomorphiques, un canapé « Boule » et une table basse « Flaque ». La même année, il crée le « Bureau pour une femme d’affaires », en tôle laquée gris ponctuée de pastilles blanches.
Le canapé « Boule », accompagné d’une table et d’un lampadaire « Tour Eiffel », est présenté dans une version rouge foncé à l’exposition « La Résidence française », organisée par la revue Art et Industrie. Au Salon des artistes décorateurs, il expose un lit à baldaquin composé de tubes de métal laqué rouge, disposés en croisillon. Il ouvre une nouvelle galerie Jean Royère et Aladin à Saint-Tropez, place aux Herbes, destinée à une clientèle estivale. Le succès rencontré en Égypte l’incite à créer également une agence à Beyrouth, avenue des Français, avec l’architecte libanais Nadim Majdalani. Leur parfaite entente leur permet de remporter les plus grands chantiers de décoration du pays.
L’aménagement d’une grande maison de vacances à Sainte-Maxime, dans laquelle il associe matériaux et couleurs avec une grande fantaisie, donne à Royère l’occasion de développer son nouveau vocabulaire ornemental. Il réalisera par la suite, pour l’appartement parisien de cette même cliente, un mobilier de chambre plus sage, en bois précieux.
Royère participe à l’exposition « Dîners d’été » organisée par la revue Art et Industrie et au Salon des artistes décorateurs avec une « Mansarde pour célibataire ». Un papier à en-tête de cette époque mentionne l’existence d’une galerie rue Saint-Jean au Touquet. La décoration de l’ensemble des pièces de réception du consulat de France à Alexandrie, sa première commande publique, consacre la carrière de Royère en Égypte. Pour ce lieu officiel, il imagine un ensemble luxueux et sobre, en sycomore et bronze, ne laissant paraître sa fantaisie que dans le tapis de laine de la salle à manger et l’immense lustre « Hérisson » du grand salon. Au Caire, il crée pour la salle à manger des Boutros-Ghali un luxueux mobilier en ébène de Macassar gainé de parchemin. De 1948 à 1953, Royère exécute d’importants chantiers en Égypte, comme ceux des hôtels Shepheard’s ou Semiramis, mais aussi des décorations d’intérieurs pour des notables égyptiens ou des dirigeants français de sociétés.

1949
Royère quitte la rue d’Argenson pour ouvrir une galerie plus spacieuse sur deux niveaux, 182, rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans laquelle il organisera d’importantes expositions.
Au palais Galliera, à l’occasion du 9e Salon de l’imagerie française dont il préside la section « Meubles et décors de jardin », Royère crée tout un mobilier de jardin à partir d’une structure sinusoïdale en tube de métal laqué grenat. Au Salon des artistes décorateurs, il présente un imposant cabinet de travail en bois de zebrano avec un coin-salon dans lequel il place une version du canapé « Banane » et une table basse « Flaque ». Royère fait la connaissance de Gaston Dutilleul, qui lui commande l’aménagement de son appartement parisien et restera un fidèle client jusqu’en 1972. Il participe à l’exposition « Formes françaises » à la Maison de France au Rockefeller Center à New York, organisée par la revue Art et Industrie. Le seul chantier de Royère sur le continent nord-américain sera l’ambassade du Koweït à Washington, qu’il meublera avec un mobilier de style. En Égypte, l’État français lui confie la décoration d’un salon orné d’une fresque de Jean Cocteau pour le centre culturel du Caire. Les « Notes de voyage d’un décorateur français en Scandinavie», qu’il publie dans le numéro 53 de la revue Le Décor d’aujourd’hui, montrent la forte impression que lui ont faite les arts décoratifs scandinaves.

1950
Royère réalise un mobilier élégant et classique, en sycomore, pour l’entrée et une des salles à manger du restaurant Drouant, à Paris. À Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, il collabore avec l’architecte Maurice Novarina pour l’aménagement d’une maison de week-end. Il crée également pour Novarina une table et des appliques.
Le ministère des Affaires étrangères confie à Jean Royère la décoration des salons de la nouvelle légation de France à Helsinki, construite par l’architecte Félix Bruneau avec l’architecte finlandais Erkki Huttunen. Contrairement au consulat de France à Alexandrie, il s’autorise une certaine liberté, installant des fauteuils « Boule » grenat et jaunes sur un immense tapis en haute laine blanche aux formes libres.

1951
Royère visite la Triennale de Milan et le festival organisé à Londres pour le centenaire de l’Exposition universelle, manifestations auxquelles il consacre deux articles dans les numéros 65 et 66 de la revue Le Décor d’aujourd’hui.
Il participe au Salon des arts ménagers avec un mobilier de chambre en rotin et un ensemble de salle à manger laqué noir qui comprend notamment un bahut à trois vantaux, dans lesquels un panneau central, dessiné par une sinusoïde, est tapissé de raphia.

1952
À l’exposition « Le Génie de Paris », organisée par la revue Art et Industrie au musée des Arts décoratifs, à Paris, Royère présente une chambre de jeunes gens où il dispose une large banquette d’angle en feutre bleu roi, décorée, tout comme les rideaux, de pastilles de tissu écossais, un lampadaire « Mille Pieds », dont le dessin est repris pour les pieds de la table et de la console, et deux forme de S. Une chaise et un fauteuil aux lignes biomorphiques, en métal laqué bleu roi, sont dessinés par son collaborateur Jean- Paul Gauberti. Au 36e Salon des artistes décorateurs, il expose un mobilier de chambre en frêne verni décoré de panneaux de fleurs séchées. Les événements politiques obligent Royère à fermer sa galerie du Caire, où il gardera cependant jusqu’en 1957 un bureau d’études dirigé par Ernest Chouchani. En Arabie Saoudite, il décore le palais du prince Fayçal construit par Majdalani.

1953
Royère achète à Saint-Tropez une petite maison de pêcheur qu’il baptise Le Coin Timbré d’après les panneaux de timbres-poste dont il décore les portes. À Paris, il participe à l’exposition « La Demeure joyeuse. Paule Marrot et ses amis » au musée des Arts décoratifs. Au Salon des arts ménagers, il présente une salle à manger en moelle de rotin à motif de croisillon et, au 37e Salon des artistes décorateurs, une salle à manger en acajou destinée au restaurant Drouant. Chargé du chantier de l’hôtel Le Capitole à Beyrouth, l’un des plus grands palaces du Moyen-Orient, Royère fait réaliser le mobilier et les éléments de décoration par des artisans libanais. Il adopte un parti sobre pour les chambres, se laissant aller à sa fantaisie dans les pièces de réception, notamment pour les sols en marbre dont les motifs sont tous différents.

1954
À l’occasion du 38e Salon des artistes décorateurs, qui a pour thème « La jeunesse et le cadre de la vie », Royère présente « Mon coeur balance », projet de bar pour une auberge de jeunesse dans les Alpes, dans lequel un système de cordages en V préfigure le motif « Yo-yo».
Pour le Salon des arts ménagers, il conçoit le fauteuil « OEuf » qu’il présente, tapissé de reps orange et de velours gris, avec une table basse « Flaque » marquetée de paille noire à filets rouge et jaune et décorée d’étoiles multicolores. Cette table deviendra un classique de son répertoire.
Royère décore avec fantaisie et humour un petit atelier d’artiste montmartrois. Chargé d’aménager une maison de type californien construite à Casablanca, au Maroc par Wolfgang Ewerth pour Serge Varsano, il associe son mobilier, notamment les fauteuils « Sculpture », à des créations contemporaines, comme celles de Jacques Adnet ou de Serge Mouille.

Il organise une exposition à la faculté des beaux-arts de Téhéran, au cours de laquelle il donne une conférence sur l’architecture d’intérieur. À cette occasion, il fait la rencontre de l’architecte Mohsen Foroughi, décisive pour sa carrière en Iran.

1955
Au 39e Salon des artistes décorateurs, Royère présente le bureau du marchand de tissu Raoul Voos. Il installe des fauteuils « Sculpture » recouverts de chintz à motifs violets avec des lampes en papier « Leklint », créées par l’architecte danois Kaare Klint.

Au Salon des arts ménagers, il expose une table basse métallique, conçue pour un amateur de Calder, dont le plateau en forme de boomerang repose sur un piètement « Yo-yo». Il décore la chambre et la salle à manger de l’appartement parisien du chanteur Henri Salvador. De cette époque date la première version connue de l’applique « Liane », déjà représentée dans une maquette pour l’aménagement d’un moulin en 1952.
Au Moyen-Orient, il dessine un mobilier néoclassique pour l’Arab Bank à Bagdad, qu’il aménage en collaboration avec le ferronnier Raymond Subes, et réalise la décoration du restaurant de l’Ambassador Hotel à Jérusalem. Il crée également un mobilier de bureau en chêne, cuir et Formica aux formes biomorphiques pour le palais du roi Hussein de Jordanie sur les rives de la mer Morte. À Beyrouth, Nadim Majdalani inaugure la galerie L’Atelier, avenue Sleiman-Boustani, qui remplace l’agence de l’avenue des Français.
Malgré des commandes prestigieuses, Royère, qui pressent les risques de l’instabilité politique au Moyen-Orient, décide de s’orienter vers l’Amérique latine et ouvre à Lima Le Magasin de Paris avec André Castoriano, important antiquaire péruvien.

1956
Au 40e Salon des artistes décorateurs, il présente la chambre « Charme de Paris », avec des sièges « Yo-yo » juponnés et un lit à baldaquin, où il associe le métal à un exubérant décor de tulle drapé. À la même époque, l’aménagement d’une maison contemporaine construite par l’architecte Alfred Bernard à Pontault- Combault, aux environs de Paris, témoigne d’une évolution décisive dans le travail de Royère, centré désormais sur les seuls éléments mobiliers.
Il organise dans sa galerie de la rue du Faubourg-Saint-Honoré une importante exposition de laques de Bernard Dunand, Jean May- Laffite, Maurice Alvo, René Fumeron et André Dambrun. 1957 Chargé de la décoration du bureau du président de la nouvelle chambre de commerce du Havre, Royère crée un mobilier néoclassique qu’il place dans une pièce recouverte de boiseries de teck, rythmées de colonnes. Dans un esprit très différent, il aménage les chambres, le réfectoire, le bar et le salon de l’IRSID, l’Institut de recherches sidérurgique, situé près de Metz. Les tabourets du bar, à l’assise en forme de ballon de football, et le mobilier du salon, fauteuils aux dossiers incurvés et tables basses aux formes libres, sont construits à partir d’une même structure métallique noire se terminant par un motif « Yo-yo ». Royère restaure sa maison familiale Le Loch-Bihan, à Auray, dans le Morbihan.
Étendant ses activités au Brésil, il ouvre à São Paulo la galerie Esquisses, dirigée par Ernest Chouchani, son ancien représentant au Caire.

1958
Il collabore avec l’architecte Pierre Vago à la décoration de la brasserie Le Fouquet’s sur les Champs-Élysées
À l’occasion de son mariage avec Farah Diba, le shah d’Iran lui commande pour le palais de Sa’ad Abâd l’aménagement de deux salons, d’un cabinet de travail et d’une salle de cinéma, ainsi que la décoration des appartements de ses soeurs, les princesses Shams et Ashraf, et de sa fille, la princesse Shahnaz, pour laquelle Royère réalise un amusant mobilier de jardin. Il met également au point, pour le cabinet privé de la princesse, un mobilier dont le piètement se compose de tiges de métal articulées par des billes de cuivre. L’importance de ces chantiers amène Royère à ouvrir une agence à Téhéran. Il aménage l’hôtel Amman Club, l’un des plus grands palaces de Jordanie. Les éditions Charles Moreau publient Cheminées et Coins de feu, un livre sur les cheminées contemporaines préfacé par Royère.

1959
Le 41e Salon des artistes décorateurs est le dernier auquel Royère participe. Il y présente les fauteuils aux formes biomorphiques réalisés pour le cinéma du shah d’Iran et, pour la première fois, le lampadaire « Liane ». Outre la décoration du Park Hotel à Téhéran, qui lui est commandée par la famille Diba, il aménage le palais du Baharestan, le nouveau Sénat, construit par Mohsen Foroughi et Heydar Ghiai. Royère meuble l’hémicycle de sièges en aluminium doré recouverts de cuir grenat. Il crée également pour la résidence du shah à Sa’ad Abâd un bureau très architecturé, composé de deux dalles de verre maintenues par deux lames de métal.
Le chantier du Sénat consacre la carrière de Royère au Moyen-Orient.

1960
Jean Royère se fait construire dans la forêt de Marly La Dormerie, une maison préfabriquée, modèle Brigitte. Gaston Dutilleul fait appel à lui pour certains aménagements dans l’hôtel particulier de Boulogne où il regroupe son domicile et le cours particulier pour enfants en difficulté qu’il a fondé. Royère conçoit pour la salle à manger un buffet à trois portes percées de carrés concaves, dont la structure composée de tiges de fer patiné fixées au meuble par des billes de cuivre rappelle celle du mobilier de la princesse Shahnaz.

1961
La Compagnie générale transatlantique fait appel à Royère, en collaboration avec Jacques Lévy-Ravier, pour la décoration des appartements privés du commandant du paquebot France. Royère apporte un soin remarquable au choix des couleurs, qui contrastent avec le mobilier laqué noir. La même année, il aménage des cabines sur le paquebot Mélusine.
Il réalise le chantier de l’hôtel Bristol à Beyrouth et décore un appartement pour Mohsen Foroughi dans lequel il associe l’applique « Liane » à des sièges d’Eero Saarinen et d’Harry Bertoia.

1963
Royère organise une exposition de dessins à Neuchâtel, à Genève et à La Chaux-de-Fonds, où il s’associe à un représentant pour la Suisse.
À New York, une exposition au Memorial Union présente ses dernières créations, notamment les maquettes et les photographies du palais du Baharestan et de la salle de cinéma créée pour le shah d’Iran.

En Arabie Saoudite, Royère conçoit pour le palais du roi et de la reine un décor luxueux et très ornementé, dans un esprit oriental.

1964
Il réalise les bureaux de son cousin Roger Brian à la Maison de la radio à Paris, qui vient d’être construite par l’architecte Henry Bernard (1912-1994).

1965
Royère se rend pour la dernière fois à la Triennale de Milan, sur laquelle il écrit un article, « La 13e Triennale de Milan », publié dans le numéro de janvier-février de Mobilier et Décoration.

1966
Pour sa dernière participation à une exposition, « Décors insolites chez Tristan de Salazar », organisée par le Syndicat du papier peint à l’hôtel de Sens, à Paris, Royère présente un projet de « Salon au 50e étage d’un immeuble à Manhattan, New York ». Il rassemble là ses créations les plus abouties : la table basse « Flaque », le canapé « Banane » et l’applique « Liane ».
Il se fait construire la villa Almudayna dans l’île de Majorque, aux Baléares.

1969
Chargé de la décoration de bureaux, des chambres et de l’espace de lecture de la Fondation Avicenne, construite par André Bloc, Mohsen Foroughi et Claude Parent, Royère réalise des ensembles sobres dans lesquels il inclut des créations de grands designers, notamment Harry Bertoia et Eero Saarinen.

1970
Royère publie Harems et Pieds dorés, un portrait du Moyen-Orient, des rois et des princes pour lesquels il a travaillé. Il écrit également une autobiographie, qui n’a pas été publiée.

1972
Jean Royère met fin à ses activités de décorateur.

Désormais, il partage son temps entre la France et les États-Unis, où il s’installe définitivement en 1980.
Il confie à maître Axel de Heeckeren le soin d’organiser une vente de son mobilier qui aura lieu à l’hôtel Drouot, le 19 juin 1980. Il prend également contact avec les conservateurs du musée des Arts décoratifs de Paris auquel il lègue un ensemble d’archives ainsi que certains meubles de son appartement, dont un canapé « Banane », un tapis noir aux formes libres, un bahut en marqueterie de paille, une applique « Persane » et des rideaux de Paule Marrot.

1981
Mort de Jean Royère, le 14 mai, en Pennsylvanie, aux États- Unis.


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