JEAN PROUVÉ
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En 1950, Pierre Bindschedler commanda à JEAN et HENRI PROUVÉ l’aménagement de sa résidence secondaire en Bretagne. Les trois hommes se connaissaient depuis plusieurs années, Jean et Henri Prouvé ayant conçu les bureaux de l’usine Ferembal de Nancy dont Bindschedler était alors le directeur.
Les frères Prouvé pensèrent la maison de campagne de Bindschedler avec une intelligence pratique alliant efficacité et confort, adaptée aux besoins de la famille et combinant quelques meubles “standard” avec du mobilier sur-mesure.
La pièce maîtresse était un important meuble de séparation, double-face et multifonction : d’un côté meuble de “travail” avec des rayonnages de bibliothèque et un bureau ; de l’autre un grand meuble de rangement à portes coulissantes, sur lequel venait s’adosser un lit-banquette, les portes servant alors de dossier.
Créé à partir d’éléments du catalogue des ATELIERS JEAN PROUVÉ, ce meuble unique, aux dimensions exceptionnelles (plus de 4 mètres de long), repose sur une structure similaire à celle des bureaux Ferembal : 3 portiques axiaux répartis sur une poutre centrale supportant le tout.
Cette même base se retrouve sous les longs bancs qui soulignaient les larges fenêtres, et dont les piètements en métal étaient laqués de couleurs différentes selon les pièces.
Deux lampes, montées sur potences pivotantes afin d’apporter la lumière en fonction de l’activité et des besoins, et un guéridon bas en placage de noyer et tôle d’acier laquée rouge, complétaient l’ensemble.
MEUBLE DE SÉPARATION DOUBLE FACE, CA. 1950
Tôle d’acier pliée, frêne, carreaux de céramique et ciment Villeroy & Boch
H. 104 x L. 432 x P. 110 cm
H. 40.94 x L. 170.08 x D. 43.31 in.
LIT BANQUETTE, CA. 1950
Tôle d’acier pliée et frêne
H. 44 x L. 190 x P. 64.5 cm
H. 17.32 x L. 74.8 x D. 25.39 in.
BANC, CA. 1950
Tôle d’acier pliée, frêne, carreaux de céramique et ciment Villeroy & Boch
H. 45 x L. 408 x P. 35 cm
H. 17.72 x L. 160.63 x D. 13.78 in.
Les portes à hublots et auvents étaient des éléments architecturaux typiques des maisons Métropole créées par JEAN PROUVÉ en 1949.
Le panneau à hublots initialement développé pour le prototype de la maison Tropique est immédiatement devenu un archétype de l’architecture moderniste. Sous forme de panneaux de façade, de portes, de cloisons mobiles et de nombreuses variantes, il symbolise de la contribution de Jean Prouvé, à la fois technique et esthétique à l’industrialisation “ouverte”.
L’auvent quant à lui, est un élément constructif présent dans de nombreuses architectures de Jean Prouvé, il permet une transition visuelle avec l’extérieur.
PORTE À HUBLOTS ET AUVENT, CA. 1951
Métal, aluminium et verre
Porte : H. 239 x L. 96.5 x P. 3.5 cm
H. 94.09 x L. 37.99 x D. 1.38 in.
Auvent : : H. 233 x L. 196 x P. 157.5 cm
H. 91.73 x L. 77.17 x D. 62.01 in.
Les buffets bas en bois et métal étudiés par les ATELIERS JEAN PROUVÉ dans les années 1930 sont conçus comme des étagères fermées munies de portes coulissantes.
Les recherches menées pendant la guerre permettent dès 1944 la mise au point d’un modèle de bahut démontable destiné au marché domestique et dont les caractéristiques générales évolueront peu. Ce principe met en œuvre deux flancs verticaux en tôle emboutie à la presse, comportant les cannelures où s’encastrent les crémaillères qui reçoivent les rayonnages, et se prolongeant à l’arrière par deux retours qui enserrent les demi-fonds en contreplaqué. Ces éléments métalliques sont assemblés avec les plateaux supérieur et inférieur au moyen de tiges filetées serrées par des écrous papillons.
Bien qu’il soit qualifié de Standard à partir de 1948, le bahut est très tôt décliné en de nombreuses variantes, qui portent principalement sur le choix des matériaux.
BAHUT N° 150, ca. 1950
Tôle d’acier pliée et bois
H. 99.5 x L. 200.5 x H. 45 cm
H. 39.17 x L. 78.94 x D. 17.72 in.
“Les problèmes à résoudre dans la fabrication de meubles sont tout aussi complexes que ceux à résoudre dans les grands projets de construction.”
JEAN PROUVÉ
Le piètement de table formé de quatre pieds en tôle pliée disposés en diagonale, sur lesquels sont soudés des supports de plateau en tube, apparaît pendant la guerre à l’occasion des études pour la société Solvay, à Dombasle. Contrairement à l’autre modèle de table de salle à manger développé simultanément (S.A.M. à entretoise), les pieds placés aux angles sont verticaux et dépassent nettement du plateau. Leur forme fuselée est semblable à celle des piètements de bureaux produits au même moment.
Prévu pour soutenir un plateau en bois, le bâti est constitué de tubes ronds ou carrés soudés formant un châssis rectangulaire. Il peut être renforcé par une poutre centrale en tôle pliée d’ “égale résistance” lorsqu’il doit supporter un plateau plus lourd.
La première fourniture de quelques exemplaires de cette table, en 1945, au préventorium de Flavigny a donné ultérieurement son nom au modèle produit en petite série.
TABLE FLAVIGNY, CA. 1945
Tôle d’acier pliée et Comblanchien
H. 73.5 x L. 161.5 x P. 81 cm
H. 28.94 x L. 63.58 x D. 31.89 in.
Le principe du siège de bureau pivotant est déterminé en 1944, afin de compléter les modèles de bureau créés pendant la guerre.
Le tube du pied pivotant est stabilisé par un piètement en croix en tôle emboutie. Le châssis du fauteuil est constitué d’un tube d’acier courbé qui forme à la fois le support d’assise, les accoudoirs et le dossier. Ce premier modèle fabriqué à quelques exemplaires est commercialisé avec quelques modifications destinées à améliorer la rigidité du châssis : tubes croisés sous l’assise, barre continue derrière le dossier.
À partir de 1951, le fauteuil Direction pivotant n° 353 remplace le modèle précédent, avec quelques modifications de détail améliorant le confort et les finitions. Les branches en tôle pliée du piètement sont protégées par une tôle en acier inoxydable ou en aluminium emboutie en pointes de diamant.
FAUTEUIL DIRECTION N° 353 PIVOTANT, 1951
Tôle d’acier pliée, tube d’acier, tôle d’aluminium “pointe diamant”, cuir et bois
H. 74 x L. 67.5 x P. 59.5 cm
H. 29.13 x L. 26.57 x D. 23.43 in.
En 1939 apparaît un nouveau modèle de fauteuil, plus confortable que celui créé pour la CPDE (Compagnie parisienne de distribution d’électricité).
Le principe est repris après la guerre et mis au point pour une commande spéciale de mobilier de bureau : un piètement arrière fuselé et incliné en tôle pliée auquel sont soudés les tubes du support d’assise et ceux des pieds avant qui se prolongent pour supporter les accoudoirs en chêne massif et le dossier. La première version au piètement chromé et aux coussins à ressorts revêtus de cuir présente un dossier bas, posé verticalement sur l’assise, et une barre arrière fixée sur le haut du piètement.
Ce fauteuil est proposé pour l’aménagement de bureaux et de salles de classe, ce qui lui vaut la dénomination de “fauteuil instituteur”. Des modifications sont apportées au fauteuil à la demande de STEPH SIMON, afin d’en améliorer le confort. Le redressement du piètement arrière de quelques centimètres permet à l’utilisateur de pouvoir se balancer et, surtout, induit un positionnement plus confortable du dossier.
FAUTEUIL DIRECTION N° 352, 1951
Tôle d’acier pliée, tube d’acier, cuir et bois
H. 82 x L. 62.5 x P. 63.5 cm
H. 32.28 x L. 24.61 x D. 25 in.
Pendant la guerre, les ATELIERS JEAN PROUVÉ se consacrent à la mise au point de plusieurs modèles de bureaux destinés principalement au marché industriel. Deux types de châssis en tôle pliée sont développés simultanément, l’un découlant du bureau type CPDE, appliqué notamment à une table-dactylo, l’autre radicalement différent, constitué de deux piètements fuselés, reliés par une ou deux traverses axiales, et supportant un plateau en porte-à-faux avec équipement interchangeable monté sur glissières.
Le principe définitif du bureau Standard, posé début 1942, détermine l’articulation des deux “portiques” avec une poutre ouverte d’égale résistance visible côté visiteur, et, à l’avant, avec une traverse encastrée ou soudée en retrait des pieds ; deux profils latéraux facultatifs viennent renforcer l’ossature et recevoir les gaines des équipements .
Celles-ci, en bois ou en bois et métal, reçoivent des combinaisons variables de tiroirs, classeurs et aménagement pour le téléphone. Le plateau est réalisé en chêne ou en comblanchien.
BUREAU STANDARD BS, VARIANTE COURBE, CA. 1946
Tôle d’acier pliée et bois
H. 74.5 x L. 199 x P. 98.5 cm
H. 29.33 x L. 78.35 x D. 38.78 in.
Pour le concours lancé en 1930 pour la conception de la nouvelle Cité Universitaire de Nancy, JEAN PROUVÉ soumet une proposition comprenant un lit, une bibliothèque, un fauteuil, un bureau et une chaise qui lui permet de meubler un quart des pièces.
La bibliothèque conçue pour le projet répondait aux exigences de durabilité et d’économie fixées dans l’appel d’offres.
Comme les autres meubles créés pour le même cahier des charges, elle était composée d’un cadre métallique peint en rouge foncé et de composants en bois massif poli. Les montants ont des bords pliés et sont reliés à l’arrière par deux fers plats.
Les montants ont des bords repliés et sont reliés à l’arrière par deux barres de fer plat, sur lesquelles sont soudés des évidements dans lesquels se glissent les étagères légèrement en saillie.
Cette unité autoportante était destinée à être accrochée à un mur ou posée sur le sol. Soixante étagères ont été fabriquées.
ÉTAGÈRE CITÉ, 1932
Tôle d’acier pliée et bois
H. 53 x L. 100 x P. 25 cm
H. 20.87 x L. 39.37 x D. 9.84 in.
Ce lit-divan, dénommé Cité après la guerre, est sans doute le modèle le plus emblématique de ce type dans la production des ATELIERS JEAN PROUVÉ. Il est conçu à l’occasion du concours d’aménagement de la cité universitaire de Nancy, en 1930, dont le programme précisait qu’il devait être accompagné d’une table de nuit.
JEAN PROUVÉ choisit d’intégrer ce chevet en proposant une ossature entièrement en tôle, composée de deux longerons reliant les panneaux de tête et de pied pliés en forme de coffre ouvert qui reçoit des tablettes en bois.
LIT CITÉ N° 456, 1951
Tôle d’acier pliée et bois
H. 53 x L. 238 x P. 85 cm
H. 20.87 x L. 93.7 x D. 33.46 in.
Au début de l’année 1955, JEAN PROUVÉ conçoit un fauteuil dit “léger”, plus économique que le modèle Conférence n°355, pour la Cité Universitaire d’Antony.
L’ossature métallique de ce nouveau “siège de demi-repos” reprend le principe de la structure des meubles Maternelle ou Compas, avec un tube d’entretoise de fort diamètre sur lequel sont soudés des pieds en tube et des consoles de soutien en tôle.
Le modèle est provisoirement appelé “fauteuil mouette” au vu de sa forme. L’assise peut être équipée d’une housse coussinée en similicuir pour un confort accru.
FAUTEUIL LÉGER N° 356 DIT “CHAISE ANTONY”,
VARIANTE AVEC HOUSSE SIMILICUIR, 1955
Tube et tôle d’acier, contreplaqué moulé et similicuir
H. 86 x L. 50 x P. 70 cm
H. 33.86 x L. 19.69 x D. 27.56 in.
GUÉRIDON BAS N° 402, ca. 1950
Tôle d’acier pliée et noyer
Provenance: Premier propriétaire, France
H. 35.5 x ø 90 cm
H. 13.98 x ø 35.43 in.
D’abord fabriqué par JEAN PROUVÉ pour son usage personnel, le “bras support de lampe” en tube soutenu par un fil d’acier, fixé au mur et pivotant sur un axe est une amélioration du principe développé avec Pierre Jeanneret et Charlotte perriand pour l’aménagement des pavillons provisoires de la SCAL, à Issoire.
Plusieurs versions se succèdent, mais toutes répondent au souci de proposer un modèle de série pouvant convenir à des pièces de dimensions variables.
POTENCE D’ÉCLAIRAGE, CA. 1950
Tube, tôle et fil d’acier
H. 30 x L. 152 cm
H. 11.81 x L. 59.84 in.
La conception du vestiaire qui équipait le réfectoire de la Cité universitaire tient compte des habitudes et besoins des étudiants mais aussi des proportions des pièces.
Composé de panneaux en Isorel rouge perforés assemblés par tirant au plateau supérieur et au socle, le vestiaire est une adaptation des armoires réalisées par CHARLOTTE PERRIAND pour l’Hôtel de France à Conakry (Guinée), sur pieds et sans porte.
Ces panneaux caractéristiques en Isorel perforé rouge furent également utilisés par Charlotte Perriand dans la conception des vestiaires réalisés pour les dortoirs du collège Bellevue à Meudon en 1952.
VESTIAIRE, 1956
(AVEC CHARLOTTE PERRIAND)
Tôle d’acier pliée, bois et aluminium
H. 188 x L. 179.5 x P. 35 cm
H. 74.02 x L. 70.67 x D. 13.78 in.
Après avoir fabriqué des maisons temporaires et démontables pour les victimes de la guerre en Lorraine à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les ATELIERS JEAN PROUVÉ se sont engagés dans le programme de reconstruction du gouvernement et reçoivent en mai 1950 la commande de deux prototypes d’écoles dont l’un pour la petite commune de Bouqueval, près de Paris.
Avec ses grandes portes vitrées, sa vaste aire de jeu couverte et son balcon d’accès couvert qui sert également de pare-soleil le bâtiment de 24×8 mètres avait l’allure d’une école en plein air. La trame créée par les portiques en acier embouti a permis d’obtenir des volumes fluides et une disposition rationnelle de l’aire de jeu ouverte, de la salle de classe, et de l’atelier/salle à manger, des toilettes et du vestiaire.
ÉCOLE DE BOUQUEVAL, 1950
24 x 8 m
78’7 x 26’3 ft
