Pour la première fois en public, la Galerie Patrick Seguin présentera chaque jour, en direct, le montage d’un pavillon démontable 6x6m, des sinistrés de Lorraine, de JEAN PROUVÉ. En effet, une équipe de 3 personnes assurera de façon quotidienne (de 11h à 19h) la reconstruction sur le stand, de cette référence de l’architecture démontable, révélant ainsi chaque jour la modernité absolue de ce projet. Une seconde équipe se chargera, la nuit, du démontage et de la mise en caisse de chacun des éléments qui compose cette maison (portique et poutre faîtière, couvre joints extérieurs, panneaux de façade en bois, structure métallique de plancher…). À l’occasion de la nocturne (jeudi 16 juin) la galerie proposera le montage et le démontage complets, avec mise en caisse, en une seule journée. Créateur visionnaire, Jean Prouvé, a répondu, par ces constructions, aux contraintes de son époque : simplification des montages et des assemblages, mobilité des structures permettant de les « expédier » loin de leur lieu de production, simplicité et fonctionnalité. Réalisés à partir de 1944, et rares rescapés de la période après guerre, ces pavillons étaient destinés à reloger les sinistrés de Lorraine. Doublement impliqué dans la reconstruction de cette région, Jean Prouvé, originaire de Nancy et constructeur de génie, obtint du gouvernement via le Ministère de la Reconstruction une commande de logements d’urgence. Véritables performances d’architecture transportables et démontables, ces « baraques » furent réalisées exclusivement en bois et métal, (en tenant compte de la pénurie de métal). Elles étaient directement acheminées en pièces détachées, dans les villages dévastés par les bombardements. Elles pouvaient être montées en une journée par 3 personnes sur le lieu même des destructions, permettant ainsi aux populations privées de toit de rester dans leurs villages. La rareté des matériaux, mais aussi des crédits, ainsi que la priorité accordée par le Ministère de la Reconstruction à l’édification de logements en dur, expliquent que l’industrialisation de ces logements de transition ne dépassa jamais le stade de la petite série. En 1947, Jean Prouvé reçut la Médaille d’Or de la Reconstruction et de l’Urbanisme.